Les financements disponibles pour l’installation d’une exploitation agricole

S’installer en tant qu’agriculteur est un projet ambitieux qui demande à la fois passion, vision et préparation financière solide. La création ou la reprise d’une exploitation agricole implique souvent des investissements conséquents : achat de foncier, construction ou rénovation de bâtiments, acquisition de matériel, constitution du cheptel ou encore mise en conformité environnementale ou de bien-être animal. Pour accompagner les porteurs de projets, il existe différents dispositifs de financement, allant des prêts bancaires spécifiques aux subventions publiques, en passant par les aides régionales. Identifier ces soutiens est une étape essentielle pour sécuriser le démarrage et assurer la pérennité de l’activité.

Les différents types de financements

Il existe plusieurs sources de financement mobilisables lors de l’installation agricole. Elles se regroupent en trois grandes catégories :

  • Les financements bancaires : indispensables pour couvrir les investissements lourds et assurer le fonds de roulement.
  • Les aides publiques nationales et européennes : visant à soutenir l’installation, encourager la modernisation et favoriser le renouvellement des générations.
  • Les financements complémentaires : il s’agit en général de dispositifs régionaux, départementaux, communaux, de coopératives agricoles ou de nouveaux modes comme le financement participatif.

Les identifier revient à distinguer les financements bancaires, publics et complémentaires, chacun répondant à des besoins spécifiques dans le processus d’installation. L’enjeu pour le futur exploitant est d’articuler ces différentes ressources afin de construire un plan de financement équilibré et acceptable pour les partenaires financiers.

 

1. Les prêts spécifiques à l’installation agricole

Comprendre les conditions de ces prêts permet de mesurer leur intérêt, notamment grâce à leurs taux avantageux et à leur souplesse de remboursement.

Voici un tableau comparatif, des différents prêts proposés par les établissements bancaires qui ont conscience des particularités du secteur agricole, et ont développé des solutions de crédit adaptées. Ces prêts peuvent financer aussi bien du matériel agricole que des bâtiments ou encore l’achat d’animaux. Leurs obtentions restent conditionnées à l’élaboration d’un plan d’entreprise validé par la Direction Départementale des Territoires (DDT) et à l’obtention de la « capacité professionnelle agricole ».

Type de prêt Bénéficiaires Montant Taux/Conditions Durée Usage principal
MTS-JA (Prêt à Moyen Terme Agriculteur) Jeunes agriculteurs avec DJA Variable (10 000 à 100 000 €) Taux bonifié (État une partie des intérêts) 7 à 15 ans Investissements productifs ( matériel, bâtiments, cheptel)
Prêt Jeune Agriculteur (banques agricoles) Jeunes agriculteurs (<40 ans, installation) Selon projet (Jusqu’à plusieurs centaines de milliers €) Taux préférentiels, différé possible 7 à 15 ans Financement global de l’installation
Prêt d’Honneur (Réseaux initiative, France Active, ADIE,ect ) Porteurs de projet agricoles (souvent avecDJA ou projet solide) 3 000 à 30 000 € Sans intérêt, sans garantie 2 à 5 ans Renforcer fonds propres, faciliter prêt bancaire
Prêt foncier agricole Agriculteurs achetant des terres Selon surface et SAFER Taux bancaire classique ou aidé Jusqu’à 25 ans Acquisition de foncier
Prêt reprise de parts sociales Installation en société ( GAEC,EARL, ect..) Selon valeur des parts Conditions bancaires adaptée 7 à 15 ans Rachat de parts des associés sortants
Prêt de trésorerie installation jeunes agriculteurs en début d’activité 5 000 0 50 000 € (variable) Court terme, conditions bancaires souples 1 à 5 ans Besoins de fonctionnement (intrants, alimentation, trésorerie de campagne)
Microcrédit agricole ( ADIE, structures solidaires) Porteurs de petits projets projets agricole Jusqu’a 12 000 € env. Taux réduit, accompagnement obligatoire 1 à 4 ans Petit matériel, premiers achats

 

2. La DJA (Dotation jeune agriculteur) et le SIA (Soutien à l’installation en agriculture)

Les principaux dispositifs pour accompagner les futurs exploitants agricoles dans leurs projets 

Ces aides ont pour but d’accompagner les agriculteurs tout au long de leur parcours, afin de sécuriser leur installation et de donner de la stabilité à leurs exploitations. La DJA (Dotation Jeunes Agriculteurs) s’adresse aux moins de 40 ans qui débutent leur activité, tandis que le SIA (Soutien à l’Installation) concerne les agriculteurs entre 40 et 50 ans, souvent dans le cadre d’une installation plus tardive ou d’une reconversion.
En cas de coup dur, les bénéficiaires de la DJA ou du SIA peuvent bénéficier d’un suivi personnalisé grâce au Pass Avenir JA, proposé par un organisme agréé.
Ensemble, ces dispositifs visent à donner un nouvel élan à l’agriculture française, en encourageant l’arrivée de nouvelles générations et en soutenant la diversité des projets agricoles sur le territoire.
La Dotation Jeunes Agriculteurs (DJA) est un levier essentiel pour les jeunes agriculteurs, apportant à la fois un soutien financier direct et des avantages fiscaux et sociaux. Versée en deux fois (au démarrage et après validation du projet), elle constitue un apport financier non négligeable qui peut atteindre plusieurs dizaines de milliers d’euros. Son montant varie en fonction :

  • De la zone géographique (zones défavorisées ou de montagne).
  • De la nature du projet (production bio, diversification, projets innovants).
  • Des priorités régionales fixées par les Programmes de Développement Rural (PDR).

La DJA vise à renforcer l’apport personnel du jeune agriculteur, facilitant ainsi l’accès aux prêts bancaires. Pour en bénéficier, il faut :

  • Être âgé de moins de 40 ans au moment de la demande.
  • Posséder la capacité professionnelle agricole (diplôme de niveau 4 au minimum BPREA ou équivalent).
  • Présenter un plan d’entreprise démontrant la viabilité économique du projet.

 

Au-delà de l’aide financière directe, l’obtention de la DJA ouvre souvent l’accès à d’autres avantages : exonérations fiscales et sociales partielles, majorations sur certains dispositifs d’aide européenne (PAC).

Pour le Soutien à l’Installation en Agriculture (SIA), ses critères sont les suivants :

  • Avoir + de 40 ans jusqu’à 49 ans inclus, sauf les installations en équin et en saliculture
  • L’aide de 8 000 € est conditionnée à 20 000 € HT de dépenses non engagées avant la demande
  • Ne pas avoir bénéficié de la Dotation jeune agriculteur
  • Présenter une installation à titre principal : justifier d’un RDA (Revenu disponible agricole)/RPG (Revenu professionnel global)  > 50 % en année 4.

 

3. Les financements régionaux

En plus des dispositifs nationaux, les Conseils Régionaux et parfois les Départements mettent en place des aides complémentaires pour encourager l’installation et la modernisation du tissu agricole local. Ces soutiens peuvent prendre plusieurs formes :

  • Subventions à l’investissement : participation au financement de matériel innovant, de serres, ou d’équipements favorisant la transition écologique.
  • Aides à la diversification : appui aux projets de vente directe, d’agritourisme ou de transformation à la ferme.
  • Accompagnement technique et formation : soutien à l’acquisition de nouvelles compétences ou à l’intégration de filières locales.

 

Ces dispositifs sont très variables d’une région à l’autre, mais ils traduisent une volonté commune : adapter l’agriculture aux enjeux territoriaux et environnementaux. Pour en bénéficier, il est souvent nécessaire de déposer un dossier détaillé auprès du service agricole de la Région, en respectant des critères précis (durabilité, création d’emplois, respect de l’environnement).

L’installation agricole constitue une étape clé dans la carrière d’un exploitant et nécessite un financement adapté aux réalités du secteur. Entre les prêts bancaires spécifiques, la Dotation Jeunes Agriculteurs et les dispositifs régionaux, les porteurs de projet disposent aujourd’hui d’une gamme variée de solutions. La combinaison de ces soutiens permet non seulement de sécuriser le démarrage de l’exploitation, mais aussi de favoriser l’innovation, la durabilité et le renouvellement des générations agricoles. Pour maximiser ses chances de réussite, il est conseillé de s’entourer d’experts (chambres d’agriculture, centres de gestion, banques spécialisées) afin d’élaborer un plan de financement solide et cohérent.

 

Ludivine Pouliquen – Négociatrice 56-35 sud 

Pauline Kalapacs
Pauline Kalapacs

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