Selon le site de la FNEDT « Fédération Nationale Entrepreneurs Des Territoires », la filière rassemble 22500 entrepreneurs de travaux agricoles (ETA) forestiers (ETF) et ruraux (ETR). Fort de près de 160 000 actifs (en forte progression sur la dernière décennie), les entrepreneurs des territoires sont un véritable soutien de l’agriculture pour plus de 70% des exploitations agricoles françaises mais également pour les travaux d’exploitation forestière et les activités du paysage et d’entretien de l’espace rural.
Les opportunités du secteur agricole
S’il s’agit avant tout d’un métier de passion et de vocation, il se singularise également par sa diversité croissante, devenue essentielle face à la restructuration du secteur agricole en France. Par ailleurs, la demande ne cesse de croître, tant de la part des exploitations agricoles que des collectivités et des domaines, face aux enjeux économiques liés aux coûts du machinisme. Le métier tend d’ailleurs à se spécialiser, notamment en raison du recours croissant à des technologies de plus en plus avancées.
Dans les régions d’élevage en particulier, les éleveurs laitiers externalisent de plus en plus les travaux des champs et de transport. Cette délégation leur permet non seulement de se recentrer sur leur cœur de métier — la production — mais aussi d’optimiser les coûts liés à l’alimentation du cheptel, tout en respectant les contraintes environnementales telles que celles imposées par la réglementation CertiPhyto.
En effet, à titre d’exemple, les travaux de fenaison mobilisent énormément de temps en termes de main d’œuvre pour un éleveur laitier. La qualité du fourrage récolté influe directement sur la production laitière et donc directement sur la rentabilité de l’exploitation. Aux opérations successives et parfois répétitives (coupe, fanage, andainage, pressage, enrubannage, ensilage, transport) s’ajoute une contrainte de plus en plus forte liée aux fenêtres météo. Le débit de chantier avec des outils de grandes capacités (largeur de travail, puissance, cubage, vitesse d’exécution) pilotés par un chauffeur formé et expérimenté, assisté d’outils d’aides à la conduite (autoguidage, automatisme des fonctions) permettra à l’entrepreneur des territoires d’accompagner efficacement ses clients éleveurs.
Le traitement et l’exploitation des données, la cartographie, la digitalisation des outils, la géolocalisation et la connectivité, l’intégration de l’intelligence artificielle comme outils d’aide à la décision, l’arrivée des tracteurs et automoteurs autonomes, des drones, sont non seulement autant d’opportunités pour créer de la valeur ajoutée pour les entrepreneurs des territoires mais seront aussi incontournables pour répondre aux enjeux d’une agriculture moderne et respectueuse.
Non seulement la filière est en recherche permanente de ressources humaines pour répondre à la demande croissante de ses clients, mais elle doit également faire face à un renouvellement de génération des entrepreneurs eux-mêmes. Par conséquent, les opportunités de reprise d’entreprises des territoires sont aussi indispensables que nécessaires pour répondre à la demande croissante des clients.
Créer son entreprise de travaux agricoles : les étapes clés de l’installation.
Consciente des enjeux actuels, la filière — et en particulier la FNEDT (Fédération Nationale Entrepreneurs Des Territoires) — a mis en place, en partenariat avec la MFR de Montfort-sur-Meu, un parcours diplômant en alternance de niveau 5 : « conducteur de travaux en entreprises de travaux agricoles ». Cette formation vise à former des responsables d’entreprises de travaux agricoles et ruraux, en leur apportant les compétences nécessaires pour mieux maîtriser les domaines clés de leur activité et faciliter leurs prises de décisions stratégiques. Le diplôme en poche, guidé par une ambition solide le porteur de projet devra faire face à de nombreuses étapes toutes aussi cruciales les unes que les autres pour finaliser la reprise d’une entreprise des territoires.
En effet, la première étape est déjà de pouvoir trouver la ou les entreprises contenant les productions et les prestations de services souhaitées et en capacité de pouvoir supporter les évolutions et les objectifs du projet lui-même et sur un territoire donné. Ensuite, il s’agira d’arbitrer les négociations entre les projets. En effet, reprendre une entreprise, c’est reprendre le modèle économique, juridique et social du vendeur et il conviendra de l’adapter au mieux aux ambitions du porteur de projet.
En outre, l’évaluation du parc matériel est le premier point de vigilance et il sera en particulier la pierre angulaire des intérêts des parties. Chaque partie doit avoir conscience que cette négociation influera directement sur la viabilité et donc sur la faisabilité du projet. Et c’est bien la difficulté car les questions sont nombreuses : le parc matériel est-il adapté au projet ? Quelle est sa valeur ? Son état et son ancienneté sont-ils des freins à la reprise ? Comment est-il financé (crédit classique ou crédit-bail) ? Les crédits baux sont-ils cessibles ? Faut-il reprendre un crédit-bail en fonction de la valeur résiduelle ? Quels sont les travaux d’entretien à entreprendre pour assurer une reprise dans de bonnes conditions ? Existe-il des contrats de garantie ou d’entretien ? Le matériel est-il conforme ? Les contrôles périodiques obligatoires sont-ils à jour ? etc, etc….
Le volet social est le second point de vigilance et il est éminemment crucial. Reprendre une entreprise des territoires c’est aussi se poser la question du maintien ou pas de la totalité des salariés permanents. L’expérience et les compétences de chacun sont essentielles pour fidéliser la clientèle, car elles assurent la qualité des services et la solidité de la relation client. Reste ensuite à déterminer si les bâtiments conviennent et conviendront aux ambitions du porteur de projet. Là aussi, les questions sont nombreuses : sont-ils adaptés ? Faut-il des investissements supplémentaires ? Sont-ils conformes au regard du droit du travail ? Les contrôles périodiques ont-ils été réalisés ? Sont-ils concernés par les dispositions amiantes ? Comment sont gérées les évacuations de déchets ? Etc… etc…
De la même manière, un inventaire des stocks doit être validé par les parties. Vendeurs et acquéreurs pourront se mettre d’accord sur la nécessité d’engager des commandes prévisionnelles de pièces et ingrédients, de films et ficelles par exemple, de carburant et lubrifiants et sur la façon de les comptabiliser au jour de la vente. Une fois que les parties se sont mises d’accord, il y a nécessité que l’acquéreur formalise une offre d’achat signée. Si le vendeur l’entérine, cette dernière définira le périmètre et le prix.
L’offre validée et une solide étude économique en poche, le candidat à la reprise devra présenter le projet pour en trouver le financement auprès d’un ou plusieurs partenaires bancaires. Il est conseillé d’approcher plusieurs banques qui en fonction du projet pourront proposer un pool bancaire répartissant ainsi le risque opérationnel sur plusieurs banques. Parallèlement, il faudra aussi faire des choix juridiques appropriés, type de société, une ou plusieurs, holding ou pas. Dans tous les cas, ces choix devront permettre et favoriser une gestion et une analyse claire à tout moment de l’entreprise. Une fois les financements obtenus et en vertu de l’article 1589 de code civil, il est indispensable de valider la transaction par un contrat de vente sous conditions suspensives assorti d’un dépôt de garantie. Bien qu’il soit un acte préparatoire à la signature de l’acte authentique, le compromis de vente est un véritable contrat engageant réciproquement les parties. Si l’une des parties venait à ne pas signer l’acte définitif postérieurement à la réalisation des conditions suspensives, l’autre serait en droit de demander en justice l’exécution forcée de la vente ou le versement de dommages et intérêts. Suite à la validation conjointe de l’inventaire des stocks, selon les modalités et procédures définies en amont, la transaction sera conclue par la signature d’un acte authentique chez le notaire.
Mener à bien un projet de transaction de ce type nécessite du temps, des connaissances et des compétences particulières que l’on a la garantie de retrouver chez un professionnel de la transaction agricole ayant le statut d’agent immobilier. L’accompagnement d’une agence spécialisée comme QUATUOR TRANSACTIONS permet aussi bien aux vendeurs qu’aux porteurs de projets de bénéficier de conseils professionnels et avisés pour donner vie au projet. Un négociateur d’agence spécialisée apportera de la neutralité, de l’expertise et de la fluidité dans les échanges pour franchir les nombreuses étapes de la vente.
Évolution et perspectives de croissance d’une entreprise de travaux agricole
Pour faire face aux enjeux d’accroissement de la population, de la protection de l’environnement et de changement climatique, l’agriculture française est à l’aube d’une nouvelle aire. Les entrepreneurs des territoires ont su s’adapter en développant leurs expertises à l’aide d’outils de haute technologie et en se diversifiant dans le domaine des travaux publiques, des transports, des travaux forestiers et d’entretien de l’espace rural. Nul doute que devant une crise croissante des ressources humaines, mais constamment au fait des technologies les plus pointues comme l’intégration de l’intelligence artificielle, les entrepreneurs des territoires de demain auront cette capacité à faire évoluer leur modèle économique en créant de nouveaux services. Cela demeure donc un métier plein d’avenir pour des porteurs de projets ambitieux.
Cet article est rédigé par Laurent Le Roux, Négociateur côtes D’Armor (22)