Sophie Bergot, nous a interrogé sur les prix de cessions en production laitière. Extraits de ce dossier :
AJUSTEMENT À LA BAISSE EN BOVINS LAIT
Entre 2015 et 2016, les exploitations laitières du Grand Ouest ont perdu 30 % de leur valeur, selon une estimation de Quatuor Transactions, agence spécialisée dans les transactions d’entreprises agricoles. Pour Bernard Charlotin, son président, le prix de cession des exploitations laitières (sans autre atelier de production et hors foncier) est passé en un an de 1,18 €/litre de lait produit à 0,82 €/l (1). Ces valorisations, issues des transactions conclues par l’agence et purement indicatives, mettent en évidence les effets de la conjoncture morose dans la filière.
« La valeur de marché a chuté principalement du fait de la décote de 32 % du prix des bâtiments, qui représentent la moitié de la valeur de ces entreprises. Même baisse de 30 % pour les biens meubles : le parc matériel, souvent trop abondant, n’est pas repris en totalité. Enfin, la valeur unitaire du cheptel a aussi diminué », explique Bernard Charlotin.
« La crise s’est fait sentir avec un décalage d’un an, ainsi qu’une forte diminution du nombre d’acheteurs entre juin 2015 et juin 2016, poursuit Bernard Charlotin. Même pendant la crise laitière de 2009, le ralentissement de l’activité n’avait pas été si net. À l’époque, les prix de vente avaient baissé en 2010 et 2011, puis étaient repartis fortement à la hausse avec l’amélioration des cours du lait. » Pour le deuxième semestre 2016, le marché semble redevenir « plus normal» et est reparti en termes de volume, observe l’agence.
(1) Le prix de cession d’une exploitation laitière pure, sans autre atelier de production, est divisé par sa référence laitière. Le prix comprend la valeur des bâtiments, matériel, cheptel et stocks, hors foncier. Par exemple, le rapport sera de 1 €/l si une exploitation vendue 400 000 € produit 400 000 litres de lait. Attention, les chiffres indiqués sont des moyennes annuelles et cachent de grands écarts de prix. Ils ne doivent en aucun cas être retenus en référence de prix de cession.
CÉDANT/ACQUÉREUR : QUI GAGNE ET QUI PERD EN TEMPS DE CRISE ?
« Acheter au son du canon et vendre au son du violon. » Cet adage signifie qu’un acquéreur qui ose faire le pas en période de crise est souvent gagnant.
« Pour un repreneur convaincu de son projet, la conjoncture actuelle est le bon moment pour acheter, confirme Bernard Charlotin, de l’agence Quatuor Transactions. En production laitière par exemple, la baisse de prix permet aux acquéreurs de réduire leur prix d’équilibre de 30-35 €/1 000 litres, davantage en lien avec les cours actuels du lait ». Encore faut-il en avoir les moyens financiers ou au moins des perspectives économiques à même de rassurer son banquier ! Ce qui est plus facile pour celui qui a une assise financière et qui projette un agrandissement, que pour un candidat à l’installation.
Et le vendeur, est-il perdant en temps de crise ? Vendre aux tarifs actuels est rarement une perte nette quand le bien est amorti. Cependant, si le cédant est fortement endetté, beaucoup partira en remboursement et le capital perçu sera réduit. A noter qu’il peut ne pas vendre s’il considère le prix insuffisant. « Mais s’il ne souhaite pas attendre un redressement de la conjoncture et par conséquent des prix de vente, il est nécessaire de s’adapter à la conjoncture actuelle », tempère Bernard Charlotin.
Dossier réalisé par Sophie BERGOT pour LA FRANCE AGRICOLE